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manches à balai, grêles, à têtes maigrement empanchées, du plus lamentable effet comme perspective. Les parterres se grillent au grand soleil tandis que les habitants voient à quelques pas, — supplice renouvelé de Tantale, — les ramures touffues verser l’ombre aux promeneurs.

Dans dix ans, quand les manches à balai seront des arbres et les parterres des jardins, Vincennes tout entier, s’allongeant de Fontenay-sous-Bois à Paris, ne sera plus qu’un adorable nid de verdure et de fleurs, où les boulets du polygone paraîtront d’étranges fruits dépaysés.

Une des belles maisons nouvellement construites sur l’avenue Marigny appartenait, en 1869, à M. Athanase Gilmérin, lequel avait laborieusement édifié une plantureuse fortune dans le commerce des denrées coloniales, en plein quartier des Halles.

Actif, habile et honnête, il arriva, jeune encore, à cette situation honorable, aisée, autoritaire, qui est l’ambition légitime du grand commerçant. Il pouvait, en persistant dans cette voie, doubler ses capitaux, mais ayant perdu sa femme, — une utile compagne de travail, — il jugea plus sage