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Puis ce fut tout.

M. et mademoiselle Gilmérin avaient quitté Vincennes un peu avant l’investissement de Paris par l’armée prussienne. On redoutait une première attaque de ce côté ; et, d’ailleurs, la banlieue tout entière se repliant sur Paris, le séjour des environs désertés devenait aussi difficile que dangereux.

Ce n’était plus alors, sur la route de Vincennes, que convois militaires se croisant avec l’émigration, tapissières surchargées, charrettes où cahotaient les pauvres meubles, voitures de luxe écrasées de bagages, bestiaux ahuris, femmes en larmes, paysans sombres, enfants riant de tout, huchés sur le sommet des équipages branlants.

En passant devant le fort de Vincennes, dont les embrasures béantes laissaient passer la bouche ronde et luisante des canons, les jeunes hommes prenaient un air crâne et les mères détournaient la tête en frissonnant.

Quelques propriétaires du pays, prenant peur outre mesure, abandonnèrent leurs maisons pleines et s’enfuirent. Ceux-là ne retrouvèrent