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taires s’écoula tristement pour Albertine, dont l’unique distraction était une correspondance incessante avec le Mexique. Elle écrivait beaucoup, ne se plaignait pas de son isolement forcé, mais en souffrait cruellement.

Maladive, exaltée, dévorée d’ennui, elle contemplait de loin, par-dessus les murs du jardin, le mouvement fébrile de la vie parisienne, et pleurait de s’en sentir exclue.

Ce fut dans une de ces heures dangereuses pour les têtes bouillantes qu’une de ses anciennes élèves, demeurée son amie, lui apporta la tentation suprême ; une invitation toute cordiale à venir passer quelques jours à la campagne chez ses parents.

Albertine se souvint de sa promesse et refusa, le cœur gros. Mais l’amie était pressante, l’offre gracieuse et le frère si loin !

Les deux jeunes filles s’envolèrent vers Fontainebleau avec l’insouciante gaieté des petits oiseaux qui quittent le nid pour la première fois. L’une était toute heureuse de ramener sa chère compagne ; l’autre, — l’imprudente ! — ne savait rien de la famille qui lui donnait asile, famille