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alangui, l’esprit surexcité, les mains inactives.

Elle rêvait, et rien n’assombrissait sa rêverie ; ses grands yeux, doucement éclairés, disaient une ivresse entière.

On sonna une fois… deux fois ; la camériste s’était élancée hors de la chambre ; on sonnait encore. Des voitures s’arrêtaient à la porte. Était-ce donc l’avalanche de ses admirateurs qui, repoussés de sa loge, la poursuivaient jusque-là ?

La soubrette rentra, apportant sur un plateau deux cartes, un bouquet et un écrin.

Judith prit une carte où, sous des armes orgueilleuses, s’épanouissait le nom de M. Adalbert de Poitevy, officier supérieur de cavalerie démissionnaire.

Un pli sombre se creusa à son front ; sa main, par un geste brusque, déchira en miettes impalpables cet audacieux souvenir d’un délaissement cruel.

— L’insolent ! murmura-t-elle.

Elle lut la seconde carte, qui portait en caractères imposants sur un carton immense : Ernest Samson, procureur impérial. Sa lèvre dédaigneuse se détendit sans s’attendrir.