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Celle de mademoiselle de Clarande, plus majestueuse, plus complète, illuminée par l’espoir et doublée par le succès, s’y révéla avec un éclat foudroyant. Avant qu’elle eût modulé une phrase, la salle frémissait d’admiration ; quand elle eut chanté son premier air, ce fut du délire.

On avait salué la femme, on encensa la cantatrice.

Et quelle salle !… Pendant le deuxième acte, Judith laissa tomber son premier regard sur les spectateurs qui la composaient. Des célébrités mondaines et artistiques ; des femmes de l’aristocratie, attirées par la curiosité de voir en scène une des leurs ; des femmes du demi-monde qui venaient épier, d’un œil jaloux, l’éclosion d’une rivalité formidable.

En hommes, la fleur du gandinisme contemporain s’étalait au balcon et à l’orchestre.

L’apparition de cette hautaine beauté qui irradiait sur la scène resplendissante, météore inattendu, paraissait à quelques-uns une répudiation du noble passé des Clarande, une injure à leur gloire militaire, une profanation.

Pour les autres, c’était au contraire l’affirma-