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Elle les avait aussitôt employés en achats indispensables, en une installation confortable et coquette, rue de Provence, où sa pauvre mère eut une petite chambre isolée pour y agoniser en paix.

Elle adopta le couturier en renom, prit une femme de chambre rompue au métier lucratif de soubrette d’actrice, se laissa amener par Sosthène quelques visiteurs, des camarades futurs, des musiciens, quelques gandins qui proclamaient d’avance son triomphe.

Au jour de ses débuts, elle se trouva sous les armes, prête à tout, hardie, confiante, résolue à se conquérir brillamment une place au soleil de la rampe, de la réclame et du succès.

Nul obstacle devant elle : d’importuns souvenirs d’honneur et de position étaient écartés ; ses sœurs se taisaient, impuissantes ; sa mère se mourait ; et le colonel de Clarande, ce vieux type de soldat chevaleresque, était bien mort !

Judith avait choisi pour ses débuts le Premier Jour de bonheur. Elle y parut dans ce gracieux rôle de jeune Indienne, que mademoiselle Marie Rose avait poétisé par sa beauté délicate.