cacher dans la solitude la plus poignante désillusion. Elle sentait, avec des frissonnements de rage douloureuse, qu’elle serait tôt ou tard devinée, qu’elle l’était peut-être déjà. Son amour bafoué, sa générosité méconnue, sa confiance trahie s’unissaient pour infliger à sa nature sensible, orgueilleuse et passionnée, une indicible torture.
Pour y échapper, elle se fit conduire à Bade par son père. Elle y trouva le bruit, la foule et les élégances, non le repos. — Au retour, elle déclara le séjour de Vincennes insipide pendant l’hiver et voulut demeurer à Paris.
Elle ne profita guère des distractions que la grande ville pouvait lui procurer, car, malgré toutes les instances, elle persista à ne sortir que de loin en loin, à refuser toute occasion de plaisir, à ne recevoir personne.
C’était en elle, et autour d’elle, un deuil dont elle ne daignait pas expliquer les motifs, et dont le bonhomme Gilmérin se désolait vainement.
Quant à Sosthène, ce fut à peine s’il s’aperçut du changement radical survenu dans le caractère