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sorte ne devaient, à ses yeux, entraver l’élan qu’elle avait elle-même encouragé par l’offre de sa main.

Eh quoi ! n’avait-elle donc bravé les conventions mondaines, dans un instant de générosité irréfléchie, en se promettant avant d’avoir été, sinon désirée, du moins demandée, que pour voir l’abstention la plus blessante, le silence le plus inexplicable répondre à sa grandeur d’âme ?

S’était-elle donc méprise sur les sentiments qu’elle inspirait ?… Avait-elle rencontré un cœur vulgaire, qui ne comprenait pas sa conduite et peut-être même s’en alarmait mesquinement ?

L’inquiétude, le doute, l’humiliation déchiraient tour à tour ce cœur mobile et passionné. Qu’eût-elle donc éprouvé s’il lui eût été donné de lire dans l’âme du trésorier les combats qui s’y livraient ? si elle avait pu le suivre du regard, après les paroles enflammées qu’ils avaient échangées, quand, rentré chez lui, et la tête dans ses mains, il murmurait avec désespoir :

— Qu’ai-je fait ?… Ai-je donc oublié ?… Je suis un fou… et un malheureux ! Je ne me marierai pas… Mais elle !… elle ! que va-t-elle