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guement encore que tous les préjugés du monde séparaient sa pauvreté honorable de l’opulence bien assise de mademoiselle Gilmérin ; mais il sentait surtout, avec une intensité brûlante, que Valérie avait pris toute son âme et qu’il ne pourrait désormais l’arracher à ses petites mains.

Ce ne fut que trois jours après qu’il recouvra assez de calme relatif pour oser se présenter à la villa de l’avenue Marigny. Il avait repris, non toute sa raison, mais un peu de sang-froid, et s’était juré de dissimuler à tous les yeux la vie nouvelle qui soulevait en lui tant d’émotions inconnues.

Elle le verrait bien, elle, et quelle joie d’être compris dans son tendre et respectueux silence ! quelle ivresse de ne pouvoir pas être un seul instant soupçonné de calcul intéressé par l’adorable enfant qu’il aimait !

Si leur dernier regard au bord du lac avait été un aveu, le premier coup d’œil qu’ils échangèrent en se retrouvant, le jeudi soir, fut un serment.

M. Gilmérin, très-anxieux, épiait l’entente des deux jeunes gens en affectant plus que jamais la