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De sa grosse voix joyeuse, il troubla le calme des parages isolés où s’engageaient les canots, en priant mademoiselle de Clarande de ne pas les priver du plaisir de l’entendre.

La jeune artiste essaya vainement de résister à cette prière devenue générale ; elle se rendit donc avec cette grâce hautaine qui faisait une faveur de la moindre de ses concessions, et chanta lentement, accompagnée par les rames cadencées, cette rêverie allemande dont elle avait fait la musique :

    Perles, richesse de la mer ;
    Joyaux du ciel, étoiles blondes,
    Mon cœur, plus vaste que les ondes.
Est plus profond aussi que l’insondable éther !

    Mon cœur sous ses discrètes ombres.
    Perles d’argent ! étoiles d’or !…
    Mon vaste cœur couve un trésor
Dont le sublime éclat vous fait paraître sombres.

    Et ce trésor, — tel brûle et luit
    L’astre de feu dans les nuits mornes, —
    C’est l’amour !… sans fin et sans bornes !
Et le ciel et la mer sont contenus en lui !

Lorsque la voix vibrante de Judith se fut éteinte en un soupir ineffable sur cet aveu d’amour, les applaudissements venus de tous les