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madame Aurélie ne se trompa pas, la décida à opérer sa retraite en emmenant son mari, ce qu’elle eut quelque peine à obtenir, car le digne homme n’était pas sans crainte sur les accidents cérébraux qui pouvaient se produire chez sa malade, et dont quelques paroles incohérentes semblaient les premiers symptômes.

Le capitaine songeait à ce mouvement de répulsion qu’il avait surpris chez sa femme. C’était le premier. Jamais il n’avait entendu ces lèvres indulgentes blâmer sa despotique tendresse. Jamais il n’avait soupçonné que la vie aisée, régulière et monotone qu’il faisait à la jeune femme ne suffisait pas à son complet bonheur.

Ce sont là des aberrations conjugales beaucoup plus fréquentes qu’on ne le croit.

L’homme, fatigué déjà, se repose, dans la paisible atmosphère de la famille, des stériles agitations de la vie de garçon. Il recueille, sur les lèvres fraiches de la jeune fille dont il fait sa femme, les premières aspirations d’une âme qui s’éveille ; il se grise de ce parfum virginal, et ne le voit pas s’échapper, insaisissable et fantasque, et voler plus loin, plus haut, non point