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Berthe n’avait pas redouté les indiscrétions de la petite Marie ; elle était prête à dire au capitaine la démarche qu’elle avait faite, et à renouveler pour lui le récit de cette époque fatale.

Elle avait gardé le silence tant qu’elle avait cru pouvoir préserver de toute atteinte le repos de l’homme dont elle portait le nom ! mais, puisque ce repos n’avait pas été respecté, elle entendait le lui rendre elle-même.

Quand le capitaine Aubépin rentra, ses enfants lui sautèrent au cou, avec des cris de joie et des caresses.

Il fallut admirer la croix toute neuve, toucher le brillant joujou, l’épingler, le détacher : le père se prêtait à tout.

Les enfants épuisèrent enfin leur curiosité, et retournèrent à d’autres jeux sous la tonnelle.

Berthe, à son tour, vint prendre la croix d’honneur dans ses mains frémissantes. Elle la regarda longuement, pieusement ; puis, tout à coup, y déposant un baiser :

– Auguste, dit-elle, la porterez-vous demain ?

– Sans doute. Pourquoi ? Que voulez-vous dire ?