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CHANT II.
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Certes, à ce sujet, leur morale est fort douce :
Un sang vil répandu les émeut, les courrouce ;
Mais je les vois par-tout encenser les guerriers
Qui du sang des humains composent leurs lauriers.
Que j’aime cependant l’admirable silence
Que je vois observer quand le repas commence !
Abstenez-vous sur-tout de ces discours bourfreois,
Lieux-communs ennuyeux, répétés tant de fois :
« Monsieur ne mange j^oint ; monsieur est-il malade ?
et Peut-êti-e trouvez-vous ce ragoût un peu fade :
n J’avais recommandé de le bien apprêter :
« Celui-ci vaudra mieux ; ah ! daignez en goûter,
m Ou vous m’offenserez. La saison est ingrate :
« On ne sait que donner, messieurs ; mais je me flatte
« Que si j’ai quelque jour l’honneur de vous revoir,
« J’aurai tous les moyens de vous mieux recevoir. »
Faites preuve d’usage et de délicatesse. ^^
Jouissez lentement, et que rien ne vous presse ;