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CHANT II.
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Qu’il soit gras, onctueux, et sente le jambon ;
Que des sucs végétaux colorent son bouillon ;
Qu’il soit environné d’une escorte légère
De hors-d’œuvres brillants, dont l’effet nécessaire
Est d’ouvrir l’appétit et d’exciter les sens.
Gardez— vous d’abuser de ces premiers moments,
Et ne vous livrez pas aux trompeuses amorces
D’un avide besoin qui trahirait vos forces ;
Préludez doucement aux plaisirs du repas ;
Tel qu’un sylphe léger, voltigez sur les plats ;
Imitez du frelon le volage caprice :
Il va de chaque fleur caresser le calice.
Discret et réservé, s’il dépouille leur sein,
A peine laisse-t-îl la trace du larcin.
Il ne s’arrête point sur la rose nouvelle :
Hélas ! avec douleur il se sépare d’elle ;
Mais il sait à propos modérer ses désirs,
Et garde un sentiment pour de nouveaux plaisir ?.