Page:Berchoux - La Gastronomie, 1819.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHANT II.
37

L’infortuné savoure, aux portes du trépas,
Les dernières douceurs de son dernier repas :
Inutile aliment, stérile nourriture,
Qui ne remplira pas le vœu de la nature !


Je ne conseille point à mes contemporains
Les repas monstrueux des Grecs et des Romains,
Et suis loin de leur faire aujourd’hui le reproche
De ne pas mettre encore des taureaux à la broche :
Morceau digne en effet d’un siècle trop glouton,
Ou digne des héros du curé de Meudon.
A quoi nous servirait l’appareil formidable
De ces plats sous lesquels succombait une table ?


Je le sais, d’autres temps amènent d’autres mets ;
Ce sujet me conduit à de justes regrets.
Hélas ! nous n’avons plus l’estomac de nos pères.
Que nous sommes loin d’eux ! les progrès des lumières