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CHANT I.
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J’ai dû parler des Grecs et citer les Romains ;
Mais ce n’est point assez pour mes contemporains.
Il faut, il en est temps, que notre siècle dîne ;
Les poètes ont trop dédaigné la cuisine.
Sans doute ils auraient cru, jusque-là s’abaissant.
Déshonorer leur muse, avilir leur talent,
Les routes d’ici-bas sont à peine connues
A leur noble Apollon qui se perd dans les nues :
Orgueilleux écuyers, sur Pégase montés,
Ils habitent l’Olympe et les grandes cités.
Pour moi, paisible ami des demeures agrestes,
Je dois borner ma muse à des sujets modestes.
Delille, dans ses vers nobles, harmonieux,
A fait de la campagne un tableau précieux ;
Il peint l’homme entouré de ruisseaux, de prairies,
Promenant dans les bois ses douces rêveries ;
Le loto, le trictrac l’attendent au retour.
J’admire ces plaisirs d’un champêtre séjour ;