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CHANT I.
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Pour donner un repas plus honnête et plus beau,
Le fils de Télamon fit bouillir un taureau
Le laitage, le miel et les fruits de la terre
Furent long-temps des Grecs l’aliment ordinaire.
En Asie, on connut des repas moins grossiers ;
Et les Orientaux, plus savans cuisiniers,
Mélangèrent leurs mets d’une façon nouvelle,
Des premiers fricandeaux donnèrent le modèle,
Employèrent le lard, exprimèrent des jus,
Inventèrent des mets jusqu’alors inconnus.
Les Perses cependant firent passer en Grèce
Leur luxe, leur cuisine et leur douce mollesse.
Mais à Lacédémone un homme vint à bout
D’arrêter les élans et les progrès du goût.
Un vieux législateur, du sang des Héraclides,
Osa donner un frein aux estomacs avides.
Régla les appétits, les soumit à la loi,
Et l’on ne put sans crime être à table chez soi.