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LETTRE A L’AUTEUR. ix


vous connais, il n’y a rien que vous ne puissiez mettre en vers, jusqu’à l’art de planter des choux.

Vous saurez, mon cher ami, que dans mon enthousiasme j’ai songé à mettre toutes vos leçons en pratique ; mais je me suis d’abord aperçu que ma petite fortune ne me le permettait pas, ce qui, je vous assure, m’a causé beaucoup de chagrin. J’aurais bien désiré avoir un bon château dans l’Auvergne ou la Bresse, ou les empirons de Lyon, comme vous le conseillez très-bien, pour y faire bonne chère et y vivre à gogo ; je sens combien cela eût été agréable pour moi. Hélas ! il faut que je me borne à ma petite maison, et que je me passe d’un bon cuisinier, qui est une chose pourtant bien essentielle, comme vous le donnez à entendre. Il faudra que je me dispense aussi, ne vous en déplaise, de manger du poisson des deux mers, et de boire du Chambertin à mon ordinaire. Croyez qu’il m’en coûte beaucoup, mon cher ami, d’être dans l’impuissance de profiter de vos bons conseils, et que c’est une grande mortification pour moi