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et, dès lors, trouvant la chose commode, j’en pris l’habitude. Un jour, mon cahier eut les honneurs d’une lecture, et je fus un des dix premiers. Mon père, enchanté, m’écrivit une lettre des plus solennelles, où il me félicitait de ce que j’arrivais enfin à comprendre le but de la vie ; c’était un succès qu’il me fallait renouveler ; il y comptait ; j’allais devenir, il en était sûr, un des premiers du collége, et plus tard un homme des plus distingués. Une pièce de cinq francs venait à l’appui de cette lettre, comme témoignage de satisfaction.

« Il paraît que, malgré tout, j’étais né avec une conscience ; elle s’agita en moi. Je rougis des éloges et du cadeau de mon père, et, tout en continuant de copier les devoirs de mon camarade, je m’efforçai de les comprendre. Ce fut avisé ; car il se refusa bientôt à cette complaisance, quand j’eus obtenu une place au-dessus de la sienne, malgré la complète ressemblance de nos productions. Livré à mes propres forces, d’abord je dé-