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saient dans mes jambes ; un uniforme d’hiver, sous lequel j’étouffais pendant l’été. Nous avions une cour spacieuse, mais entourée de hautes murailles. Nous sortions tous les mois en ville chez nos correspondants ; car je n’étais plus dans ma ville natale et je ne devais plus recevoir les soins de ma mère. En hiver, nous nous levions avant le jour et nous cassions la glace dans nos lavabos. J’avais des engelures aux mains et aux pieds ; mais ce qui m’en consolait un peu, c’est que je ne pouvais plus écrire. On m’envoyait alors à l’infirmerie, où l’on s’ennuyait formidablement, c’est vrai, mais où l’on ne travaillait pas. Le goût de l’étude persistait à ne pas venir.

« Tout d’abord, j’avais été le jouet des plus grands et des plus forts, ainsi que cela se pratique d’ordinaire. Moi et quelques autres petits de mon âge, quand les taloches ou le froid aux pieds nous faisaient pleurer, on nous huait et l’on nous écrasait de taquineries, tant qu’il fallait bien que la rage nous