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meurtrie de latin dans le jour, l’était la nuit de papillotes. On me faisait très-beau. J’en pleurais quelquefois ; mais alors on me portait devant la glace en disant : « Vois comme tu es gentil. — Il sera le mieux de la fête, n’est-ce pas, cher amour ! » s’écriait ma sœur en m’embrassant. Un jour de Fête-Dieu, j’entendis répéter de toutes parts que j’avais été le plus beau de la procession, et j’en vis ma mère et ma sœur si fières, que cela me rendit tout à fait convaincu de mon mérite personnel. Ce fut ainsi que le désir d’une priorité reconnue et consacrée par l’opinion s’établit en moi, — bien qu’elle n’allât pas encore toutefois jusqu’à éprouver le besoin d’être le premier dans mes classes, ainsi que mon père le désirait absolument.

« Donc, l’on me mit au collége à huit ans. Là, je reçus un numéro, je fus, comme tous les autres, enrégimenté, et l’on m’appela par mon nom de famille comme un homme. Je portais un uniforme de drap, boutonné jusqu’au menton, et dont les pans s’embarras-