faire comme les autres, être la maîtresse d’un homme qui te prendra pour jouet et qui te délaissera ? » Car c’était un jeune homme de la bourgeoisie, qui étudiait à Paris. Mais je me disais cela sans le croire. Je l’aimais tant, que je ne pouvais imaginer qu’il ne m’aimât pas ; et il me semblait si différent de tous les autres, que je ne pensais pas qu’il pût agir comme eux.
« Cependant, je luttai contre mon propre cœur ; mais devant le chagrin de celui que j’aimais, je n’eus plus de courage. Après tout, je ne sacrifiais que moi-même, et pour le rendre heureux, mon Dieu ! qu’était-ce donc ? Il fut heureux, j’en suis sûre. Il y a eu dans sa vie, comme dans la mienne, deux années d’amour…
— Deux années ! dis-je, frappé de cette coïncidence. Deux années !
— Oui, seulement ! Il était heureux ; mais il voulut autre chose. Il crut l’ambition meilleure que l’amour. Sa famille et l’influence du monde agirent sur lui ; il me quitta, désolé,