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nul parmi notre pauvre monde ne se trouvait assez fort pour attacher le grelot. Je l’aurais fait, moi, pour ravoir mon frère ; mais je n’en pus rien tirer à temps, et bientôt on refusa de me l’envoyer et de me recevoir au parloir. Je n’avais pas de droits, vous comprenez ; je l’avais seulement élevé et je l’aimais.

« De ce coup-là, je fus triste longtemps et ne vis rien autre chose. Je ne pensais plus ni que j’étais jeune et assez gentille, ni à tout ce dont les autres s’occupaient autour de moi. Le cœur me saignait en dedans du sort de mon frère, et de la honte de tout ce que j’apprenais, et des peines que j’avais à la maison par la conduite de mon père. Il en vint à m’amener ses compagnons de bouteille boire et fumer le soir autour de moi, et, dans le nombre, il y en avait de jeunes qui, le faisant exprès pour me tourmenter, ou dans des intentions plus méchantes encore, me tenaient de vilains propos. Je pris alors un parti. Ma sœur ne me coûtait plus