l’idée pour l’éducation, partout, plus ou moins, c’est de contenir l’enfant, au lieu de guider sa liberté ; c’est de le façonner dans un moule, nommé règlement, où la nature et l’air ne pénètrent point. Mais à l’asile, du moins, il me revenait le soir ; il pouvait s’ébattre chez nous ; je le bordais moi-même dans sa pauvre couchette ; nous faisions ensemble comme une prière à Dieu et à notre mère, et puis il me passait les bras autour du cou et l’on se donnait de bons baisers en se disant : bonne nuit. Mais l’asile, à cause de son âge, le renvoyait ; j’aurais voulu pouvoir le mettre à l’école ; mais il grandissait et avait bon appétit, et le pain manquait. Les gens me disaient : « On ne comprend pas que vous refusiez un si grand avantage pour vous et pour lui, puisque les bons pères le veulent bien instruire, loger et nourrir pour rien. » Voyant que je ne pouvais suffire et que Jeannot pâtissait, je cédai enfin.
« Hélas ! c’est là tout le remords de ma vie. Pour un peu plus de nourriture qu’on lui