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femme, elle, lui avait fait signe, d’un air mystérieux et familier qui avait donné fort à penser à Emmy. « C’est une artiste que j’ai vue trois fois, avait dit Gervais ; ces femmes-là sont ainsi. » Emmy l’avait cru ; et maintenant elle voyait bien que, dès ce temps, son mari la trompait ; que sa liaison avec cette femme datait de loin ; que c’était une maîtresse en titre, c’est-à-dire, outre l’humiliation et le chagrin d’un tel partage, un malheur de famille, un danger sérieux.

Le lendemain Gervais se montra sombre et dur, mais il n’y eut pas d’explication. Emmy, brisée et fiévreuse, ne se sentait pas la force de supporter une nouvelle épreuve, et s’entourait de Paulette comme d’un bouclier. Décidément, c’était elle la coupable. Jour à jour, elle se remit cependant un peu. Ses joues avaient si bien l’habitude du rose qu’elles le reprirent sans y songer. Mais au cœur, la plaie restait. Parfois, sur une naïveté de sa petite fille, les lèvres de la jeune femme laissaient échapper un éclat de