qu’Emmy emporta ces deux idées mêlées dans sa tête, comme si elles eussent été liées par d’étroits rapports.
Tandis que cette jeune femme se rendait à pied, lentement, de la place Saint-Victor à la rue Saint-Denis, elle repassait en elle toute sa vie antérieure, depuis l’enfance jusqu’à présent, depuis son désir de l’oiseau bleu jusqu’à ce vide qu’elle éprouvait au cœur aujourd’hui. Elle n’avait pas dix-huit ans quand on l’avait mariée. Son prétendu ne lui plaisait pas d’abord. Il avait plus de trente ans et l’intimidait beaucoup avec ses yeux perçants et sa barbe noire. Elle n’avait pas encore désiré de se marier. Mais M. et Mme Denjot, le père et la mère d’Emmy, faisaient sans cesse l’éloge de M. Talmant. Il avait offert des cadeaux superbes ; puis elle songeait aux splendeurs de la noce, au plaisir d’être mariée avant toutes ses jeunes amies, qui l’enviaient, de porter des bijoux et de beaux châles, d’être appelée madame et d’avoir un salon à elle, où elle recevrait