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ne s’arrêter jamais, la contemplation idéale des honneurs que je convoitais me servait d’aiguillon constant et me fournissait le but dont toute vie a besoin, qu’il soit vrai ou faux, grand ou misérable. Le mien, je le sens, n’avait de grandeur que par les proportions extérieures que je lui donnais, et se trouvait aussi bien contenu dans la plus misérable des flatteries, dont en attendant je me repaissais. Ma vanité, toutefois, devenait de plus en plus exigeante, et la plus légère blessure à mon amour-propre, les attaques de mes adversaires, me causaient mille fois plus de tourments et de douleurs que ne me donnaient de joie mes triomphes. J’avais parfois des heures bien amères quand un trait mordant, soit calomnie perfide, soit médisance envenimée, était venu s’attaquer à ma réputation, ou quand les intrigues de mes adversaires me paraissaient devoir ébranler cet édifice que j’élevais avec tant de soin et d’ardeur. Car enfin, je n’avais plus, moi, que ma fortune, je lui avais tout sacrifié ; si