épée flamboyante ni estoc batailleur ne pût [le] mordre[1].
Ce ne fut pas alors la plus insignifiante des puissantes aides
que lui prêta dans le besoin le porte-paroles de Hrothgar ;
cet estoc à poignée avait nom Hrunting ;
c'était un des principaux biens anciens ;
le tranchant était en fer, imprégné par des brauchettes vénéneuses,
durci par le sang versé dans la mêlée ; jamais il n’a faibli
à la bataille pour aucun des hommes qui le saisit avec sa droite,
qui osa s'avancer en des aventures terribles[2],
sur le terrain du peuple ennemi ; ce ne fut pas la première fois
qu’il dut faire œuvre de courage.
Certes le rejeton d’Ecglaf ne se rappela pas,
plein de forte endurance, ce qu’il avait autrefois exprimé,
étant ivre de vin, lorsqu’il prêta cette arme
à un preux[3] plus brave [que lui] ; lui-même n’osa pas
dans l’altercation des vagues risquer ses jours,
faire acte d’héroïsme ; là il perdit [son] honneur,
[son] renom de courage. Il n’en fut pas ainsi pour l’autre,
après qu’il se fut équipé pour le combat.
XXII.
Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Ores songe, fameux rejeton de Healfdene
prince circonspect, ores que je suis prêt pour l’aventure,
ami d’or des hommes, à ce dont jadis tous deux nous avons
causé : si pour ton besoin je devais
finir mes jours, que tu serais toujours
en place de père pour moi disparu.
Sois, toi, le protecteur[4] pour mes parents vassaux,
mes compagnons intimes[5], si la bataille me prend ;
envoie aussi les objets précieux que tu m’as
octroyés, bien-aimé Hrothgar, à Hygelac.
Le seigneur des Géates à cet or pourra alors s'apercevoir,
le fils de Hrethel [pourra] voir, quand il contemplera ce trésor,
que j’ai trouvé un dispensateur de bagues excellent
en vertus viriles, que j’ai usé [de bonne fortune], quand je [l’]ai pu.
Et laisse Unferth avoir l’ancien legs,
l’épée curieuse à lignes ondulées, [laisse] l’homme connu au loin
[avoir l’épée] au dur tranchant ; avec Hrunting je me
procurerai honneur, ou la mort me prendra. »