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420 souillé [du sang] des ennemis, où j’[en] liai cinq,
où je détruisis une race de monstres et dans les vagues frappai à mort
de nuit des monstres de mer, [que] j’endurai une détresse terrible,
[que] je vengeai la lutte contre les Weders — ils souffraient de maux —
[que] j’écrasai des bêtes féroces ; et ores contre Grendel,
contre cet être prodigieux, je dois seul décider
l’affaire contre l’ogre. Lors je veux ores,
seigneur des Danois Brillants, te demander,
rempart des Scyldings, une seule requête,
afin que tu ne me refuses pas, refuge des guerroyants,
430 noble ami des peuples, ores que je viens ainsi de loin,
que je puisse seul [et] la compagnie de mes comtes,
cette poignée d’hommes hardis, purifier Héorot.
J’ai aussi entendu raconter que l’être prodigieux
dans son insouciance ne tient nul compte d’armes ;
donc je renonce à ceci (afin qu’Hygelac,
mon seigneur lige, me soit gracieux d’humeur),
[à savoir] que je porte épée ou large bouclier,
écu jaune au combat ; mais avec [mon] étreinte je devrai
saisir l’ennemi, et combattre pour l’existence,
440 adversaire contre adversaire ; là il devra estimer que cela se fait
par le jugement du Seigneur, celui que la mort prendra.
Je m’imagine qu’il voudra, s’il peut l’emporter,
manger la nation des Géates dans la salle du combat
sans crainte, comme il fit souvent
de la puissance[1] des [Danois] Triomphants. Tu n’auras nul besoin
de cacher [ma] tête, mais il voudra m’avoir
souillé de sang, si la mort me prend ;
il portera mon cadavre ensanglanté, il pensera le goûter,
le solitaire [le] mangera sans pleurs,
450 il [en] tachera [son] repaire de marais ; tu n’auras pas besoin
de pourvoir plus longtemps à la nourriture de mon corps.
Envoie à Hygelac, si la bataille me prend,
la plus excellente des enveloppes guerrières, qui défend ma poitrine,
la meilleure des armures ; c’est un legs de Hrethel,
œuvre de Weland[2]. Toujours la destinée va comme elle le doit ! »


VII.


Hrothgar parla, le protecteur des Scyldings :
« C’est pour un combat défensif, mon ami Beowulf,
et pour une aide bienveillante que tu es venu nous trouver.

  1. C’est-à-dire : de la fleur.
  2. Weland est le forgeron mythique, le Vulcain, de la légende germanique.