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contre la misère nationale. Telle était leur coutume,
l’espoir des païens ; ils se rappelaient l’enfer
180 en leur esprit, ils ne savaient pas la Divinité,
le Juge des actes, ils ne connaissaient pas le Seigneur Dieu,
vraiment ils ne savaient pas adorer[1] le Protecteur des cieux,
le Gouverneur de gloire. Malheur est à qui doit
par dépit sauvage précipiter [son] âme
au sein du feu, ne pas s’attendre à consolation,
ni aucunement changer ; il est bien à qui peut
après le jour de la mort aller trouver le Seigneur
et au sein du Père rechercher la paix.


III.


Ainsi donc le rejeton de Healfdene méditait
190 des soucis du moment incessants ; le héros circonspect ne pouvait
détourner le mal ; cette anxiété était trop véhémente,
odieuse et prolongée, qui était survenue à la nation,
affreuse ruine méchamment cruelle, le pire des maux de la nuit.
Cela, un vassal d’Hygelac l’ouït dire au logis,
[héros] excellent parmi les Géates, [à savoir] les actes de Grendel ;
il était le plus vigoureux de la race humaine par la puissance
en ce jour de cette vie,
noble et considérable. Il commanda qu’on lui préparât
[son] excellent [vaisseau] voyageant sur les vagues ; il déclara qu’il voulait,
200 lui, roi guerrier, aller trouver par-delà le chemin des cygnes
le fameux souverain, lorsqu’il avait besoin d’hommes.
Cette expédition, les gens circonspects la
blâmèrent peu en lui, quoiqu’il leur fût cher ;
ils encouragèrent le vaillant d’esprit, observèrent les présages.
L’excellent Géate avait choisi dans la nation
des champions, les plus audacieux de ceux
qu’il put trouver ; lui le quinzième[2]
se rendit au bois marin [navire] ; un pilote indiqua,
homme habile sur mer, les points de repère terrestres.
210 Un laps de temps s’écoula ; la barque était sur les vagues,
le bateau sous la colline. Les guerriers équipés
montèrent sur la proue ; les courants roulèrent
l’eau du détroit contre le sable ; les gens portèrent
au sein du navire de brillantes armures décorées,
un splendide attirail de combat ; les hommes poussèrent au large
les soldats, dans leur voyage spontané, le bois assemblé[3].

  1. Ou « pour l’adorer ».
  2. C’est-à-dire : avec quatorze compagnons.
  3. C’est-à-dire : le vaisseau.