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Lors il fut aisé à trouver, celui qui se
[chercha] ailleurs un lieu de repos plus éloigné,
140 un lit dans les pièces [du palais], lorsque lui fut indiquée,
[et] dite en vérité par claire preuve,
la haine du vassal gardien de la grand’salle ; il se tint après cela
loin et plus en sûreté, celui qui échappa à l’ennemi.
Ainsi [le monstre] domina et lutta contre le droit,
seul contre tous, jusqu’à ce que se dressa vide
la meilleure des maisons. Le temps fut long ;
l’espace de douze hivers l’ami[1] des Scyldings
supporta l’insulte, toute sorte de maux,
de vastes chagrins ; car après cela ce devint
150 connu sans secret aux enfants des mortels,
tristement par des chants, que Grendel luttait
de temps en temps contre Hrothgar, [lui] montrait inimitiés haineuses,
actes criminels et querelle pendant bien des semestres,
conflit continuel ; il ne voulait point par pitié
pour quelqu’un des hommes de la puissance des Danois
éloigner le mal mortel, accepter compensation pécuniaire,
et là aucun des conseillers n’osait s’attendre à
une brillante délivrance hors des paumes du destructeur.
L’être monstrueux terrible poursuivait,
160 ténébreuse ombre de mort, vétérans et jeunes gens,
[les] enserrait et prenait au piège, il tenait nuit après nuit
les marais brumeux ; les hommes ne savent
où se glissent en leurs courses les sorciers infernaux.
Tant d’actes criminels, l’ennemi de la race humaine,
le terrible solitaire, les perpétra souvent,
de plus dures humiliations ; il habitait Héorot,
la salle ornée de trésors, par les nuits noires ;
il ne pouvait approcher du siège des dons[2],
objet précieux devant la Divinité, et ne connaissait pas l’amour divin[3].
170 C’était une grande peine pour l’ami des Scyldings,
un brisement de cœur[4]. Maint puissant s’assit souvent
au conseil, ils délibérèrent sur le secours,
sur ce qui serait le mieux pour des [gens] au cœur fort
à exécuter contre ces terreurs soudaines.
De temps à autre ils promettaient aux sanctuaires d’idoles
des sacrifices guerriers, ils priaient à haute voix[5]
que le destructeur d’esprit leur vint en aide

  1. C’est-à-dire : le roi.
  2. C’est-à-dire : du trône.
  3. Ou « l’intention de la Divinité ».
  4. Mot à mot : d’humeur.
  5. Mot à mot : en paroles.