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pour chacune des races qui se meuvent animées.
Ainsi les vaillants vécurent là en joie
100 avec bonheur, jusqu’à ce qu’un certain
antagoniste d’enfer commença à faire des actes criminels.
Le farouche étranger était nommé Grendel,
fameux hanteur de la marche, qui tenait les marais,
le bourbier et la forteresse naturelle ; [cette] résidence de la race monstrueuse,
une créature infortunée l’habita quelque temps,
depuis que le Créateur les avait bannis.
Sur la race de Caïn l’éternel Seigneur vengea
l’assassinat, parce qu’il frappa et tua Abel.
Il ne se réjouit pas de cette querelle, mais Elle le chassa,
110 la Divinité, pour ce crime, loin de la race des hommes.
De là s’éveillèrent[1] toutes les mauvaises progénitures,
les monstres terrestres et les elfes et les monstres marins,
ainsi que les géants, qui luttèrent contre Dieu
pendant un long temps ; Il leur en alloua récompense.


II.


Lors il alla visiter, après que la nuit fut venue,
la haute maison, [pour voir] comment les Danois aux Anneaux[2]
après une absorption de bière l’avaient occupée.
Lors il trouva là-dedans une compagnie de nobles
assoupie après le banquet ; ils ne connaissaient pas le chagrin,
120 misère[3] des hommes. L’être destructeur,
farouche et avide, fut bientôt prêt,
féroce et furieux, et sur le lieu de repos il prit
trente vassaux ; de là il s’en alla de nouveau,
content du pillage, pour rentrer au logis,
visiter son habitation avec cette orgie de carnage.
Lors à l’aube avec le point du jour
la force au combat de Grendel fut révélée aux hommes ;
lors après ce repas une lamentation fut élevée,
une grande clameur nationale. Le fameux souverain,
130 le très excellent noble, était assis sans joie,
il endurait grande anxiété, il souffrait du chagrin des vassaux,
après qu’ils eurent observé la trace de l’odieux adversaire,
du maudit esprit ; cette anxiété était trop forte,
odieuse et prolongée. Il n’y eut pas un laps de temps plus long,
mais après une seule nuit [Grendel] perpétra de nouveau
plus de méchants meurtres et ne prit nul souci au sujet
de [sa] querelle et de [ses] actes criminels ; il y était trop décidé.

  1. C’est-à-dire : naquirent.
  2. Ou : aux cottes de mailles.
  3. Ou « la misère ».