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Mais là je m’attends au feu ardent de la mêlée,
à l’haleine et au poison[1] [du monstre] ; c’est pourquoi j’ai
sur moi targe et cotte de mailles. Je ne veux pas devant le gardien
du tumulus fuir l’espace d’un pied,
mais il devra advenir de nous au rempart, comme la Destinée
le décidera pour nous, le sort de chaque homme. Je suis [si] prompt
d’humeur que je m’abstiendrai de vantardise contre ce
combattant ailé. Demeurez sur le tumulus, défendus par [vos] cottes
2530 de mailles, gens en armure, [pour voir] lequel pourra le mieux
de nous deux, après l’assaut du carnage, se remettre
de [sa] blessure. Ce n’est pas votre aventure à vous,
il ne convient pas à [quelque] homme, sauf à moi seul,
d’exercer ses forces contre l’être monstrueux,
de faire prouesse de comte. Je dois avec courage
conquérir l’or, ou le combat, l’effrayante
mort violente, prendra votre maître. »
Lors le vaillant soldat se leva auprès de [son] écu,
hardi sous le heaume, il porta [sa] cotte d’armes[2]
2540 sous les pans de rochers, il se fiait à la vigueur
d’un seul homme ; tel n’est pas l’exploit d’un couard.
Lors il vit auprès du rempart, lui qui avait enduré
grand nombre de combats, de fracas de bataille,
lui, excellent en vertus viriles, quand les fantassins se rencontrent,
[il vit] se dresser une arche de roc, de là un cours d’eau jaillir
du tumulus, le tourbillon de ce torrent
était chaud du feu de la mêlée ; près du trésor accumulé
il ne put sans brûler supporter quelque temps
le creux[3] à cause de la flamme du dragon.
2550 Lors de [sa] poitrine, lorsqu’il fut gonflé [de colère],
le cacique des Weder-Géates laissa partir une parole,
[le héros] au cœur vigoureux tempêta ; [sa] voix claire en la mêlée
entra retentissante sous la roche grise.
La haine fut soulevée, le gardien du trésor accumulé
reconnut le discours d’un homme ; il n’y avait plus là
le laps de temps pour solliciter la paix. Tout d’abord
l’haleine de l’être monstrueux sortit de la roche,
un air chaud de bataille ; le sol résonna.
Le [chef] militaire sous le tumulus souleva [son] écu[4],

  1. Heyne lit : rethes andhattres, chaleur ardente adverse.
  2. Mot à mot : sa cotte d’armes à flamberge.
  3. Ou en lisant déor avec Bugge : « le brave ne put supporter [cela] » . . . . .
  4. Mot à mot : [son] écu targe.