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trier de mes parents. — Maintenant que le dragon est mort va voir au plus vite, cher Wiglaf, le trésor caché sous la roche grise. Fais hâte afin que je voie ces pierres brillantes, ces antiques richesses ; je quitterai ensuite ce monde plus aisément. »

XXXVIII

J’ai entendu dire qu’après ces paroles le fils de Weohstan s’empressa d’obéir à son roi mourant et qu’il alla sous le toit de la caverne. Il vit l’antre du dragon et des objets précieux en grand nombre, de l’or qui étincelait sur le sol, des merveilles sur le mur, des coupes antiques privées de leur dorure ; il y avait là de nombreux casques rouilles ainsi que beaucoup de riches bracelets. Ces trésors pouvaient bien rendre un homme orgueilleux1. Au-dessus il vit encore attachée une merveilleuse bannière tissue d’or : elle répandait un éclat qui lui permit de distinguer le lieu où il se trouvait. Le dragon ne se montrait plus en cet endroit, car l’épée l’avait fait périr. J’ai appris que Wiglaf dépouilla en ce moment le trésor et se chargea des coupes et des plats dont il avait fait choix ; il prit aussi la bannière et l’épée du dragon. Le messager se hâta ; il désirait vivement être de retour ; les trésors le faisaient se dépêcher ; il voulait savoir s’il retrouverait son roi vivant là où il l’avait laissé. — Il le trouva mourant et se mit à l’humecter d’eau, jusqu’au moment où ces paroles s’échappèrent de la poitrine de Beowulf2. — Beowulf dit ces mots3 en regardant le trésor :

« Je remercie Dieu d’avoir pu acquérir pour mon peuple avant de mourir toutes les richesses que je vois ici. Ma vie a été le prix de ce trésor. Faites maintenant ce qui est nécessaire au peuple, car je ne resterai pas longtemps sur cette terre. Après que mon corps aura été livré au bûcher faites construire une tombe par les guerriers au promontoire de la mer ; elle s’élèvera, comme un souvenir pour mon peuple, sur le sommet du cap de la Ba-