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XXXV

« Il se retirait dans ses appartements et répétait son chant de douleur ; campagnes et villes tout semblait trop vaste à son gré. C’est ainsi qu’après la mort de Herebeald le roi des Wederas éprouva un cruel chagrin. Il ne pouvait en aucune manière faire expier son crime au meurtrier ; il ne pouvait non plus lui porter aucun dommage, bien qu’il ne lui fût point cher. Le chagrin qui le minait causa sa mort. Il laissa à ses descendants la possession du pays et de la capitale. Les hostilités s’engagèrent entre les Suédois et les Goths après sa mort. Les descendants d’Ongentheow ne voulurent plus garder la paix et vinrent souvent semer le carnage près du Hreosna-beorh. Mes parents vengèrent ces attaques, mais Hæthcyn le roi des Goths succomba dans cette terrible guerre. J’ai entendu dire qu’au matin Eofor avait donné un coup d’épée à Ongentheow pour se venger de ce que celui-ci avait frappé son frère : le casque se fendit, le prince des Scylfingas tomba ; la main du guerrier s’était souvenue de la vengeance et le coup avait bien porté. Je le récompensai dans le combat des trésors, de la terre et du château qu’il m’avait donnés : il n’eut pas besoin d’acheter chez les Gifthas1, chez les Danois ou chez les Suédois les services d’un moindre guerrier ; je voulais toujours être à la tête de la troupe ; maintenant encore j’entends me battre tant que je posséderai cette épée qui m’a si souvent servi depuis que j’ai tué Dæghrefn le guerrier Hugue, (il ne put porter mon collier2 au roi des Frisons, car il mourut dans le combat) : il ne périt pas par l’épée, mais sa poitrine se brisa en combattant avec moi corps à corps. Maintenant ma main et cette épée vont faire leur office ! »

Beowulf, poursuivant sa harangue, fit la déclaration suivante :

« Dans ma jeunesse j’ai affronté bien des combats ; je veux encore, bien que roi et âgé, chercher la lutte, gagner