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de ne pas aller trouver l’esprit de carnage et de laisser les Danois du Sud combattre eux-mêmes contre Grendel. — Je remercie Dieu de te revoir sain et sauf. »

Beowulf, fils d’Ecgtheow, parla ainsi :

« Le combat que j’ai livré à Grendel sur les lieux où il avait bien souvent massacré les Scyldingas de la Victoire est connu d’un grand nombre d’hommes, ô Hygelac ; j’ai vengé tous ces crimes, en sorte qu’aucun descendant de Grendel n’a lieu de se vanter du bruit du crépuscule ». Je me rendis d’abord dans Heort pour y saluer Hrothgar ; et quand il eut connu ma résolution il me donna un siège à côté de son propre fils. Tout le monde était dans la joie : je n’ai jamais vu convives goûter mieux les plaisirs de l’hydromel. La reine parcourait la salle par intervalles et encourageait les jeunes gens ; souvent, avant d’aller à son siège, elle donnait4 un bracelet à un guerrier. D’autrefois Freaware, la fille de Hrothgar, portait la coupe remplie de bière aux principaux chevaliers et je l’entendais proclamer les noms des assistants en leur passant la coupe. — Freaware avait été fiancée au fils de Froda ; Hrothgar avait pensé qu’il serait avantageux de se servir de sa fille pour mettre un terme à la guerre, mais il arrive souvent5 après la défaite que la lance meurtrière ne se repose que pour peu de temps, et que la fiancée, si excellente qu’elle puisse être, n’apaise que momentanément le combat. »

XXX

« Le prince des Heathobeard, ainsi que tous les chevaliers de son peuple, a droit de ne pas être satisfait quand il va dans la salle avec son épouse ; un noble rejeton de la race danoise y présente la bière aux guerriers ; sur lui brille l’héritage des Heathobeard, les parures prises après le combat. Le vieux guerrier qui se rappelle le trépas des hommes de sa nation s’assombrit en voyant ces parures ; il parle et commence à éprouver la pensée d’Ingeld :