Page:Beowulf, trad. Botkine.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 58 —

des feux brillants. Il vit en ce moment la mère de Grendel et se précipita sur elle avec son épée ; le coup ne fut pas manqué et l’épée s’abattit sur sa tête en faisant entendre un bruit belliqueux. Alors Beowulf vit que l’épée ne pouvait s’enfoncer, mais qu’elle lui manquait dans le besoin (c’était la première fois que cette arme précieuse manquait à sa réputation). Le parent de Hygelac, soucieux de la gloire, ne se déconcerta pas, il rejeta l’arme qui alla s’étendre sur le sol ; il se confia à la force de son poing. C’est ainsi que doit faire celui qui cherche une longue gloire au milieu des batailles et qui n’a pas souci de sa vie. Il prit alors son ennemie par l’épaule et la secoua si fortement (car il était en colère) qu’elle tomba sur le sol. Elle l’étreignit bientôt à son tour. Beowulf, alors, trébucha et fit une chute. La mère de Grendel s’assit sur lui et, tirant son couteau, voulut venger son fils. Mais sur l’épaule du héros était étendu un réseau étroit qui protégea sa vie et interdit l’entrée à la lame. Le fils d’Ecgtheow serait donc mort sous le vaste abîme si sa cotte de mailles ne l’avait secouru et si le Seigneur n’était le maître de la victoire ; Dieu en décida justement et Beowulf se releva ensuite sans difficulté.

XXIV

Il vit alors au milieu des armures une épée victorieuse, anciennement possédée par les géants ; c’était une arme de prix, bien qu’elle fût trop grande pour qu’aucun homme autre que lui pût s’en servir. Il la prit par la garde avec colère et l’ayant brandie il en porta un coup si violent à son ennemie que l’arme s’enfonça dans le corps de celle-ci : la furie tomba alors. L’épée était couverte de sang et Beowulf se réjouit de son ouvrage. Il regarda la salle ; il alla près du mur et leva l’arme par la garde ; il voulait punir Grendel et sans retard de ses attaques réitérées contre les Danois de l’Ouest, des expéditions pendant lesquelles il avait tué les serviteurs de Hrothgar dans leur