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trempé dans le poison2 et endurcie par le sang des combats ; jamais cette épée ne refusait le service à celui qui la maniait dans la bataille. Ainsi ce n’était pas la première fois que Hrunting allait accomplir des prouesses. Le fils d’Ecglaf ne se rappelait plus en remettant cette arme à un guerrier plus valeureux que lui, les paroles qu’il avait prononcées étant ivre ; quant à lui il n’osait risquer sa vie sur la mer ni faire des preuves de bravoure, (il perdit pour ce fait son renom de vaillance.) Il ne ressemblait pas à Beowulf qui était préparé au combat.

XXIII

Beowulf, fils d’Ecgtheow, parla ainsi :

« Maintenant que je suis prêt à partir, rappelle-toi, ô fils illustre de Healfdene, que nous étions jadis convenus dans nos entretiens que si je mourais pour ta défense tu serais un père pour mes compagnons. Sois donc leur protecteur, si la guerre me prend ; envoie aussi à Hygelac les trésors que tu m’as donnés, cher Hrothgar : il pourra voir par là que j’ai rencontré un roi magnanime et que j’ai profité de ses libéralités tant que j’ai pu. — Et toi, Hunferth, donne moi ta veille épée : je périrai ou je m’illustrerai avec Hrunting. »

Après ces paroles et sans vouloir attendre de réponse, le héros se hâta de pénétrer dans les flots. — Un jour se passa avant qu’il pût apercevoir le fond de la mer. La gardienne de la mer s’aperçut bientôt qu’un homme s’approchait de sa demeure ; elle le saisit avec ses griffes mais une cuirasse impénétrable l’entourait et elle ne put lui faire de mal. Arrivée au fond de l’abîme elle emporta Beowulf dans sa demeure, en sorte qu’il ne put se servir de ses armes, (tous ces monstres le tourmentaient et déchiraient sa chemise d’armes avec leurs dents.) Beowulf s’aperçut alors qu’il se trouvait dans1 une salle inconnue où l’eau ne pouvait l’atteindre ; il vit une lumière qui jetait