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sombres et battus par la tempête : l’hiver les retint enfermés sous des entraves de glace jusqu’à ce qu’une autre année fut revenue, ainsi qu’il arrive toujours au temps fixe, et que la saison fût de nouveau belle. L’hiver était passé, le sein de la terre brillait d’une fraîche parure. Hengest projetait de partir, mais il pensait plus à la vengeance qu’au voyage ; il espérait pouvoir livrer un combat et trouver le moyen de nuire aux Eotes. Cependant il ne résista pas à la destinée quand Hunlafing lui porta un coup de son épée dans la poitrine. Mais ce meurtre fut vengé. — Finn fut tué dans sa propre demeure après que Guthlaf et Oslaf, se souvenant de leurs afflictions furent venus l’attaquer après avoir traversé la mer ; — la salle se couvrit alors des cadavres des ennemis ; Finn fut tué et la reine faite prisonnière. Les Scyldingas portèrent dans leurs navires tout ce qu’ils purent trouver dans la maison du roi, y compris les bijoux précieux, et ils conduisirent la reine chez les Danois. »

Le chant du poëte était terminé. Les bruits joyeux recommencèrent. Les échansons versèrent le vin qui remplissait les vases de prix. Wealhtheow, la tête couverte d’un diadème d’or, alla alors à l’endroit où étaient assis les deux hommes excellents, l’oncle et le neveu ; — la paix régnait encore entre eux. Hunferth l’orateur était assis aux pieds de Hrothgar ; tout le monde avait foi dans son caractère, bien qu’il ne se fût pas montré fidèle à ses parents dans la joute des épées. — La reine des Scyldingas parla alors :

« Prends cette coupe, ô mon seigneur ! sois heureux, ô roi, et use de douces paroles envers les Goths1 ainsi qu’il est convenable ! sois joyeux et prodigue envers les Goths : tu as maintenant la paix2 auprès et au loin. On m’a dit que tu voulais aimer le héros3 comme un fils. Heort est délivré ; n’épargne donc pas tes récompenses pendant que tu le peux et laisse à tes héritiers le peuple et le royaume après ta mort. Je connais l’amitié de Hro-