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dit sur les lieux avec une grande troupe ; son épouse, suivie de ses servantes, l’accompagnait.

XV.

Hrothgar prononça ces paroles (il alla à la salle, s’appuya contre une colonne1, considéra le toit élevé et la main de Grendel) :

« Que le Tout-Puissant reçoive mes profonds remerciements pour ce spectacle ! J’ai bien souffert de la haine de Grendel ; mais Dieu peut toujours faire merveille sur merveille ! Il y a peu de temps encore, quand Heort était couvert de taches sanglantes, je ne croyais point pouvoir obtenir de remède à mes maux ; cette calamité avait chassé au loin tous mes conseillers2 qui n’espéraient plus pouvoir garder la salle contre les ennemis infernaux. Mais Beowulf a accompli, avec l’aide du Seigneur, ce qu’aucun de nous n’avait pu faire. Oui !3 on peut bien dire de la femme qui l’a mis au monde que Dieu la bénissait par la naissance d’un tel fils. Je veux, ô Beowulf, le meilleur des hommes, t’aimer comme mon fils ; garde bien dans l’avenir ce nouveau lien de parenté. Aucune des choses précieuses de ce monde que j’ai en ma possession ne te fera défaut. Bien des fois j’ai récompensé par mes dons des guerriers moins dignes et moins vaillants dans les combats. Toi, tu as accompli des prouesses qui te donnent la gloire4 pour l’éternité. Que le Tout-Puissant te donne ses biens en récompense, ainsi qu’il l’a fait jusqu’à présent. »

Beowulf, fils d’Ecgtheow, parla ensuite :

« Nous avons accompli cette action bien volontiers ; nous avons vaillamment affronté l’ennemi. — Je pensai de suite à le retenir sous mon étreinte à l’endroit même du combat, mais Dieu ne le voulut pas, et je ne pus le tenir assez fort pour l’empêcher de fuir ; il était trop puissant à la course. Cependant il laissa son bras pour