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des cieux, ni qu’aucun homme ait été plus misérable sur les flots. Et cependant, quoique fatigué par le voyage, je sauvai ma vie de la griffe des ennemis. Les courants de la mer me portèrent sur le Finnaland. — Je n’ai jamais entendu dire que tu aies pris part à de semblables combats quoique tu sois le meurtrier de tes frères (tu souffriras pour ce fait la damnation dans l’enfer, bien que ton esprit soit subtil) ; jamais Breca, ni aucun de vous, n’a encore accompli de pareilles prouesses avec son épée1 (je ne m’en fais pas gloire.) Je te le dis en vérité, fils d’Ecglaf, jamais Grendel n’eut fait tant de maux à ton roi dans Heort si ton caractère était aussi belliqueux que tu le dis toi-même. Mais il a vu qu’il n’avait pas besoin de craindre trop les épées de votre peuple ; il prend son tribut, il ne fait grâce à aucun Danois, il combat, dort et se gorge à plaisir sans redouter rien de vous. Bientôt cependant il aura affaire à la force et à l’héroïsme des Goths2. — Que celui qui le pourra aille de nouveau prendre l’hydromel quand la lumière se fera demain sur les hommes et que le soleil brillera dans le sud ! »

Le prince des Beorht-Dene, ayant entendu ce discours, était heureux ; il se fiait à Beowulf dont il venait d’entendre les paroles résolues. Alors on entendit les rires des guerriers et les joyeux propos. Wealhtheow, l’épouse de Hrothgar, qui se rappelait les règles de l’étiquette, alla saluer les guerriers dans la salle, et la noble femme présenta d’abord la coupe au roi en lui disant de se réjouir au festin de la bière. Le roi prit joyeusement la coupe. La reine3 fit alors le tour de l’assistance et présenta la coupe aux chevaliers de tout rang ; le tour de Beowulf étant venu elle salua le prince Goth et remercia Dieu en de sages paroles de ce que le souhait qu’elle avait formé de pouvoir se confier dans un chevalier vengeur des crimes s’était accompli. Beowulf reçut la coupe des mains de Wealhtheow4 et, résolu au combat, il parla ainsi5 :

« J’étais résolu, en m’embarquant sur la mer avec mes compagnons, de faire prévaloir entièrement la volonté de