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mettre ses crimes. Bien souvent les guerriers, pendant le festin de la bière, ont promis de l’affronter dans la salle avec la pointe de l’épée ; le lendemain au lever du jour la salle était tachée de sang. Le nombre de mes fidèles diminuait d’autant plus qu’ils m’étaient ravis par la mort. — Mais prends place au banquet et débarrasse tes hommes des règles de l’étiquette5 si cela te fait plaisir ! »

Après ces mots on fit place aux Goths sur les bancs de la salle du festin et les braves guerriers allèrent y prendre place. Un serviteur veillait à ce qu’il ne leur manquât de rien ; il avait une cruche à la main et leur versait de la bière. De temps en temps le poète faisait entendre ses chants éclatants dans Heort, et la joie régnait parmi la foule des Danois et des Goths.

IX

Hunferth, fils d’Ecglaf, qui était assis aux pieds du prince des Scyldingas, parla ainsi (l’expédition de Beowulf le remplissait de chagrin, parce qu’il ne voulait pas convenir qu’aucun homme eût plus de gloire que lui-même) :

« N’es-tu pas le Beowulf qui essaya ses forces à la nage sur la mer immense avec Breca1 quand, par bravade, vous avez tenté les flots et que vous avez follement hasardé votre vie dans l’eau profonde ?2 Aucun homme, qu’il fut ami ou ennemi, ne put vous empêcher d’entreprendre ce triste voyage. — Vous avez nagé alors sur la mer, vous avez suivi les sentiers de l’océan. L’hiver agitait les vagues. Vous êtes restés en détresse pendant sept nuits3 sous la puissance des flots, mais il t’a vaincu dans la joute parce qu’il avait plus de force que toi. Le matin, le flot le porta sur Heatho-ræmas4 et il alla visiter sa chère patrie5 le pays des Brondingas, où il possédait le peuple, une ville et des trésors. Le fils de Beanstan accomplit entièrement la promesse qu’il t’avait