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Le garde-côte des Scyldingas vit du rivage les brillants boucliers et les équipements que l’on portait à terre6 ; dans sa curiosité il chercha à deviner par des conjectures qui étaient ces hommes. Le serviteur de Hrothgar se rendit alors à cheval au rivage, puis secouant sa lance avec force, leur adressa ces questions :

« Qui êtes-vous donc, vous qui conduisez ainsi, couverts de cottes de mailles et de parures guerrières, ce haut navire par dessus le détroit de la mer ? Je suis le gardien de la côte et je dois veiller à ce qu’aucune flotte ennemie ne vienne ravager le pays des Danois. Jamais troupe guerrière n’est encore venue ici plus librement ; cependant vous ignorez complètement si vous pouvez obtenir la permission de nos guerriers. — Jamais je n’ai vu un plus puissant chevalier que celui qui est au milieu de vous avec ses habits de guerre ; un homme vulgaire ne porterait pas de pareilles armes ; il doit être intrépide si son apparence ne me trompe pas7. — Maintenant il me faut savoir votre origine avant que vous fassiez un pas de plus sur la terre des Danois. Écoutez donc mon simple conseil, ô habitants d’une région lointaine et navigateurs de la mer, mieux vaut dire au plus tôt le pays d’où vous venez ! »

V

Le chef1 de la troupe répondit :

« Nous sommes de la nation des Goths et des serviteurs de Hygelac. Mon père était célèbre parmi les peuples ; on l’appelait Ecgtheow ; il eut de longs jours et tous les sages2 de la terre se souviennent de lui. — Nous venons, dans un esprit de fidélité, trouver ton maître, le fils de Healfdene : puissent tes instructions nous être favorables ! Nous apportons au seigneur des Danois un message important, mais rien n’en doit être caché, je pense. Tu dois savoir, si ce que nous avons entendu dire est vrai, que pendant les nuits obscures un ennemi inconnu manifeste sa haine contre les Scyldingas par la dévastation et le