Page:Beowulf, trad. Botkine.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

Au milieu des obscurités dont le texte abonde on croit cependant pouvoir démêler les faits suivants :

Hygelac, le roi des Goths, étant mort dans une expédition guerrière, Beowulf consent, à la prière de sa veuve, à administrer le royaume comme tuteur du jeune Heardred (le fils de Hygelac) ; la mort de celui-ci, qui paraît avoir été amenée par la trahison d’un réfugié suédois, livre ensuite à notre héros le trône de Gothie. Beowulf, parvenu ainsi à l’apogée de sa gloire et de sa puissance, règne pendant cinquante ans sur les Goths et tout pourrait faire espérer une fin paisible au héros, quand soudain un voile passe sur cette longue prospérité et le plonge derechef dans l’affliction.

Voici comment arrive cette nouvelle calamité. — Un fugitif s’est introduit dans une caverne où un dragon gardait un antique trésor inconnu aux hommes. Il en a enlevé des joyaux et notamment une coupe de prix qu’il a donnée au roi en implorant son pardon. Son pardon lui a été accordé ; mais le dragon, irrité du préjudice qui lui a été porté, est venu vomir sur le pays des torrents de flammes. La désolation est générale, tout le peuple est rempli d’effroi ; cependant Beowulf, fidèle à ses traditions de bravoure, n’hésite pas à attaquer le monstre. Il se fait montrer le chemin de la grotte par le fugitif et il s’avance seul dans les rochers à la rencontre du dragon. Aux cris que pousse le héros celui-ci s’avance en serpentant ; un combat terrible s’engage, mais Beowulf, hélas ! n’est pas le plus fort ; la flamme le brûle, le réduit à l’impuissance ; son épée lui refuse encore le service dans cette cruelle nécessité. Il va succomber ; mais soudain un secours providentiel lui arrive ; c’est son parent le jeune Wiglaf qui, témoin impatient de la lutte, vient le retrouver au milieu des flammes. La troupe qui avait accompagné Beowulf jusqu’en vue de la caverne et qui, d’après ses ordres, attendait sur un rocher l’issue du combat, est saisie alors d’une grande épouvante et s’enfuit dans un bois. La victoire, restée longtemps douteuse, finit par se décider ; le