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il distribue des trésors à tous ses sujets. Les guerriers se réunissent dans cette salle et y passent leur temps en festins ; la harpe et le chant du poëte y retentissent. Mais Grendel, un esprit des marais issu de la race de Caïn, s’irrite d’entendre dans ses ténèbres les échos joyeux du festin et jure une longue guerre à Hrothgar. Il s’introduit dans la salle pendant la nuit et s’empare de trente guerriers en repos. Le lendemain, à l’aube du jour, cette attaque est connue et les gémissements éclatent de toutes parts. Pendant douze ans les hostilités de Grendel continuent ; la salle devient déserte et le vieux roi Hrothgar ainsi que ses conseillers essayent en vain par tous les moyens possibles de se débarrasser du monstre. La situation parait donc irrémédiable quand, tout à coup, un nouveau personnage entre en scène : c’est Beowulf le Goth, parent du roi Hygelac, qui a appris par la rumeur publique les infortunes de Hrothgar et qui s’offre à aller, avec une petite troupe d’élite, affronter le terrible Grendel. Il s’embarque en conséquence, après avoir reçu les encouragements de son peuple. Le navire qui porte les Goths à travers ce qu’on croit être le Cattegat, vole avec la rapidité d’un oiseau sur la mer ; bientôt l’espace qui les séparait du Danemark est franchi. Leur arrivée dans ce pays donne l’occasion d’introduire un nouveau personnage : c’est le gardien de la côte qui hèle les navigateurs et veut savoir si leur voyage ne cache pas des projets hostiles. Ceux-ci protestent de leurs bonnes intentions et s’acheminent vers la résidence de Hrothgar.

La réception qui est faite à Beowulf est des plus flatteuses ; celui-ci n’est pas du reste un inconnu chez les Danois et Hrothgar a recueilli jadis son père qui était poursuivi pour un meurtre commis chez les Wylfingas. Le banquet qui est donné à l’arrivée des Goths donne lieu à divers incidents. Hunferth l’orateur, homme vain et bavard qui n’admet pas facilement une supériorité quelconque, rappelle une aventure arrivée jadis à Beowulf et il en interprète l’issue à sa manière. Le héros rectifie ses dires