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Les recherches persévérantes des philologues ne nous permettent pas de douter que Beowulf n’ait été écrit vers le viie ou le viiie siècle et que la forme sous laquelle nous le connaissons (par un manuscrit du xe siècle) ne soit assez différente de celle que lui avait donnée son auteur : mais en quelle mesure les remaniements et les fautes des copistes en ont-ils altéré la substance, c’est ce que personne ne peut dire. L’auteur parle souvent comme s’il avait été contemporain des événements qu’il décrit ou comme s’il en avait entendu parler par des témoins oculaires, ce qui n’est évidemment qu’une licence poétique. On ne s’expliquerait pas du reste les anachronismes qui abondent dans le poëme si l’on ne se disait que Beowulf est une œuvre foncièrement païenne et faisant partie du répertoire mythique commun à toute l’Allemagne, mais remaniée et en plus d’un point défigurée par des mains chrétiennes (et d’autres disent aussi danoises).

L’original de Beowulf n’a été trouvé que dans un seul manuscrit qu’on croit être du xe siècle[1]. On le trouve mentionné pour la première fois dans le Catalogus historico-criticus de Wanley qui date de 1705, mais on ne s’en est guère occupé avant 1786, époque à laquelle deux copies en furent faites, l’une d’après l’ordre du Danois Thorkelin, l’autre par Thorkelin lui-même[2]. La traduction de Beowulf que ce savant avait faite dès 1805 ayant été brûlée pendant le bombardement de Copenhague par les Anglais, il en fit paraître une nouvelle en 1815 sous les


  1. Ce manuscrit, qui fait partie de la Bibliothèque Cottonnienne du British Museum, est signé Vitellius xv et se compose de fragments provenant de plusieurs époques. Fortement endommagé pendant un incendie en 1731 il est devenu de nos jours presque entièrement illisible. Kemble dit qu’il est écrit de deux mains différentes, la première allant du commencement au vers 1940 (xxviii §) la deuxième de 1941 jusqu’à la fin (le poëme se compose de 3184 vers). Au poëme de Beowulf se rattache l’épisode de l’attaque de Finnsburg découvert par Hickes au xviie siècle et maintenant détruit.
  2. Ces deux copies se trouvent à Copenhague.