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L’AJOUPA DE MAX.

quartier de l’île fait exception, c’est le Lamentin, la grande plaine humide située au sud-ouest ; les terres y sont fortes et souvent noyées, les eaux mauvaises, les sources inconnues. Il y règne des fièvres dangereuses.

— Oh ! nous n’irons pas là, interrompit Yette. Dis donc, Max, tandis que tu bâtiras ton ajoupa, fais-le assez grand pour moi. Que ce doit être beau, cette Rivière-Blanche !… Que tu es heureux de t’être promené dans les grands bois !

— Lui ? dit M. Desroseaux, il n’a rien vu de tout cela ; comment voulez-vous qu’un enfant de son âge marche comme je l’ai fait dans ce voyage ? Nous étions deux ou trois amis chargés de sacs, armés de bâtons contre les serpents, un revolver à la ceinture pour les cas d’attaques plus sérieuses ; nos domestiques portaient les provisions. Lorsque nous avons atteint Balala et de là Fort-de-France, nos habits étaient en lambeaux, nos bottes crottées jusqu’aux genoux ; à peine avions-nous figure humaine. Un gamin de l’âge de Max serait mort de fatigue en route.

— Comment !… dit Yette consternée, avec un coup d’œil de reproche à maître Maxime, comment ! tu n’as rien vu ? Et tu me faisais des dessins, tu me racontais…