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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

marchandises de France, la frappèrent d’admiration. Elle fut moins surprise, habituée qu’elle était aux beautés de son cher Macouba, par cet incomparable Jardin des Plantes que les Européens nouvellement débarqués visitent comme l’une des merveilles du monde, un abrégé de toutes les curiosités du règne végétal. Tout y est réuni en effet, gorges agrestes, riantes vallées, eaux jaillissantes, montagnes chargées de l’enchevêtrement impénétrable des forêts vierges ; mais, pour le touriste, rien n’égale l’allée de palmistes, cette double colonnade aux fûts d’argent, aux chapiteaux formés de majestueux panaches ; quelques-uns atteignent cent quatre-vingts pieds de hauteur et leurs feuilles sont longues de plusieurs mètres.

Yette cependant n’était pas un touriste ; sa première enfance, aussi sauvage que celle d’un jeune Robinson, s’était passée dans une étroite intimité avec la nature même ; les copies de la nature, fussent-elles faites avec art, devaient donc la laisser assez dédaigneuse.

Tout citadin qu’il était, Maxime, qui lui servait de guide, était de son avis ; depuis certaine excursion dans les grands bois, il ne rêvait plus que d’aller camper au bord d’une rivière, de s’y bâtir