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COMBATS DE COQS.

maint endroit, mais sans une goutte de sang à la tête ni au cou. — Pourquoi donc, dit M. Desroseaux en s’interrompant, pourquoi cette petite est-elle toute pâle ?

— Ah ! monsieur, s’écria Yette, parlant créole tout à coup avec volubilité, comme elle le faisait toujours dans les moments où la vivacité l’emportait, le bon Dieu n’avait pas fait les coqs si méchants que vous les faites.

— Que veut-elle dire ? demanda M. Desroseaux.

— Yette vous accuse d’avoir gâté l’œuvre du bon Dieu par une mauvaise éducation, » dit M. de Lorme en souriant pour faire passer la leçon, mais en jetant toutefois un coup d’œil très significatif sur Max aussi bien que sur Jobinette.

C’était la première fois que M. Desroseaux était averti de l’immoralité des combats de coqs, et le reproche auquel il s’attendait si peu lui venait d’un enfant.

« Pourtant, allégua-t-il, en faisant battre les coqs, on excite chez eux un instinct naturel, voilà tout.

— Si vous excitiez les instincts naturels du jeune coq que voilà, dit à voix basse M. de Lorme, désignant Max d’un mouvement des paupières, n’y aurait-il pas lieu de craindre que le