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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

de sagesse, la perfection même, ma sœur Yette ? Celle des demoiselles de Lorme que veut M. Mayer, c’est, toi, ce ne peut être que toi.

— Moi ! s’écria Yette, bouleversée par la surprise et aussi par une joie indicible, moi qui ne suis ni jolie, ni musicienne… ni spirituelle, ni… est-il possible que je puisse plaire à quelqu’un ?

— Est-il possible que l’on puisse ne pas t’aimer, veux-tu dire ? et si l’on te connaissait comme je te connais, on t’adorerait tout simplement. »

Les deux sœurs tombèrent éperdument dans les bras l’une de l’autre.

« Il m’a tout confié hier, disait Cora. C’est pourquoi il a causé tant et si longtemps avec moi. J’ai eu bien de la peine à me taire jusqu’à présent, va !

— Ainsi, tu serais contente de l’avoir pour beau-frère ?

— Aussi contente que j’eusse été désolée de l’avoir pour mari… Tu diras oui, n’est-ce pas ?… Il le désire tant !

— Oui, oui, à la condition qu’il promette de ne nous séparer jamais ! »